Lauriane BELIN
Crédit photo: Andy Simon studio


Le Centre des Recherches Infinies

Installations évolutives
Matériaux divers et cartels-recherches
Dimensions variables
2022 - ∞ 



Projet hybride, plastique et littéraire, le Centre des Recherches Infinies, C.R.I., se dresse avant toute chose comme une tentative de faire de l’art un prétexte à la rencontre.

Tant de choses (ou presque) par Benoit Dusart pour L’art même n°89/2023


“ Formée à l’Académie des Beaux-Arts de Tournai dans l’atelier de Laurence Dervaux, Lauriane Belin s’est très vite confrontée à l’impossibilité de donner corps à ses projets plastiques. « Défigurées par la réalité », leurs formes lui apparaissent trop lâches ou trop réduites, jamais à la hauteur de ses ambitions. À cette frustration constitutive de tout acte de création, l’artiste oppose un travail qui, bien que très différent, fait immanquablement penser au statement de Lawrence Weiner (1668), préférant à la sculpture son énoncé textuel et laissant au choix du destinataire leur possible réalisation. Outre les perspectives ouvertes par l’artiste américain aux côtés de Seth Siegelaub, d’Harald Szeemann et consorts, Lauriane Belin puise encore dans la littérature. Si l’on pense immanquablement aux expériences autobiographiques de Sophie Calle, c’est plutôt à partir de l’oeuvre de Georges Perec - et plus particulièrement des 50 choses à faire avant de mourir - que s’est progressivement construit son programme, aussi infini que relationnellement fécond. 

C’est sous l’appellation de Centre des Recherches Infinies, dont l’inventaire mériterait une publication, que l’artiste compile ses multiples projets, plus ou moins ambitieux, en attente de réalisation. 

Morceaux choisis: 
« Je recherche un médecin volontaire pour me prescrire une fibroscopie bronchique sans raison de santé particulière ou un.e patient.e qui a reçu la prescription d’une fibroscopie bronchique et qui m’offrirait la vidéo de l’examen afin que je l’utilise telle quelle et que j’appellerais Où sont les mots que je cherche ? »
« Je recherche un professionnel du béton qui affirmera, ou non, si le store vénitien en béton armé de 2 mètres sur 8 qui s’appelle Les yeux lourds est concevable. »
« Je cherche une bonne centaine de figurants et un cinéaste pour réaliser un documentaire dans lequel chacun.e dit quel type de personnage il a incarné, dans quel film et à quel moment exact. » […]
« Si vous connaissez quelqu’un susceptible de répondre à l’une ou l’autre recherche aussi partiellement que ce soit et de contribuer à en faire exister l’objet (ou si vous êtes cette personne) merci de me contacter au 0475.62.53.18. »

Plus qu’une suite d’intentions, les pièces exposées aux Anciens Abattoirs de Mons s’inscrivaient dans un dispositif qui en appelait au concours du public. La vingtaine de sacs en papier disposés sur palette servaient de réceptacles aux donc de billes de couleur noire permettant à l’artiste de réaliser une partie de Together Forever, sculpture en devenir, aussi précaire que monumentale. Plus loin, c’est une petite table, dont le tiroir contenait une centaine de lettres scellées offertes aux personnes susceptibles de s’entendre sans mot dire avec l’artiste, ou encore cette demande au public de faire don de fil pour contribuer à alimenter la petite lampe à huile de Trop, trop peu, « l’essentiel étant que l’infime contenant (à l’image d’un corps dont on souhaiterait qu’il soit tant de chose qu’il ne peut être) soit approvisionné d’une quantité de contenu suffisamment gigantesque pour qu’il soit certain que tout cela soit à la hauteur des trop nombreux désirs que chacun porte en lui ». Quelques exemples parmi d’autres qui, chaque fois, opposent au travail de Sisyphe une héroïque vulnérabilité.

Et le spectateur.truce de parcourir les cartels explicatifs, apportant ou non ses billes, en vue de contribuer à des oeuvres au devenir plus qu’incertain, mais partagées de faon s poétique qu’elles en deviennent prégnantes. […] Comme le suggérait Goerges Perec à l’entame de sa célèbre liste: « rien de tout cela n’est impossible pour le moment ».”

Crédit photo: Andy Simon studio

Les mots ne veulent rien dire, recherche n°20 (cloturée)
Table, chaise, lettres brodées et cartel-recherche
85 x 42 x 42 cm
2022-2022
Crédit photo: Alain Breyer

2 millimètres au dessus de la peau [extrait], recherche n°13 (en cours)
Diptyque photographique
Taille humaine
2022 - ...
Crédit photo: Andy Simon studio

Together Forever, recherche n°20 (en cours)
Palette, sacs en kraft et cartel-recherche
12 x 100 x 100 cm
2022-...
Crédit photo: Thomas Despicht

Les mots ne veulent rien dire, recherche n°20 (cloturée)
Table, chaise, lettres brodées et cartel-recherche
85 x 42 x 42 cm
2022-2022
Crédit photo: Andy Simon studio

Pour que rien ne se perde, recherche n°20 (en cours)
Palette, objets reçus et cartel-recherche
12 x 100 x 100 cm
2022-...
Crédit photo: Andy Simon studio

Vue d’ensemble des recherche n°20, n°21, n°22 et n°24 (en cours)
Dessin, moulage et photographie
Dimensions variables
2022-...