Crédit photo: Candice Athenais


Ce qui se passe, parc d’Enghien (juin 2024)

Installation
Série de 7 tables d’orientation
Métal et bois gravé
2024



Ce qui se passe est composé d’une série de 7 tables d’orientation disposées dans les 7 aires qui entourent le pavillon des étoiles du Parc d’Enghien.

Chacun des panneau est gravé de la fraction du plan du parc qui se trouve en face de la table et d’une série d’anecdotes qui s’y sont rendues visibles.


“Tables d’orientation entre humain et non-humain: changer l’interdépendance entre carte et territoire”, extrait d’un article paru dans Culture&Démocratie le 09/09/2024, par Pierre Hemptinne

Le parc comme patrimoine immatériel en constante évolution, comme géographie labile où d’infimes évènements, ponctuels, aléatoires, répétitifs voire rituels, sèment bien-être et plus-value intangible, aux jonctions de l’humain et du non-humain, c’est l’horizon que dégagent les mots et les cartographies de Lauriane Bellin, à partir de témoignages recueillis auprès de familier·es du parc. Au détour d’un chemin, au centre d’une petite clairière, l’artiste a placé ce qui ressemble à des « tables d’orientation » (telles qu’on en rencontre en randonnée, en des sites remarquables).
En s’approchant, elles semblent vierges. C’est que les paroles, les endroits où se sont produits ces évènements sont gravés, mais à peine, presque imperceptibles, à la surface du bois lisse qui donne à lire, par ailleurs, toute la mémoire d’un arbre à chaque fois différent, ses lignes de vie, la façon dont il a grandi en réagissant à l’altérité environnante.
Il faut autant toucher que scruter la surface. Et cette conjonction tâtonnante du voir et du toucher, la lecture des « anecdotes » et l’action de les reporter, selon leur numéro, sur le schéma gravé des chemins du parc, le fait d’imager la scène, tout cela met en situation le bousculement des relations entre carte et territoire, dans le sens où la cartographie officielle a toujours tenté de figer le terrain, souvent selon une visée utilitariste, verticale, en estompant les accidents, tout ce qui est jugé « mineur » .

Ici, on sent vibrer une multiplicité de vécus, brindilles de subjectivations qui transforment le territoire en quelque chose de mouvant, où puiser la force de repenser, redessiner la cartographie dominante des formes de vie.

On songe évidemment aux lignes d’erre pratiquées par les autistes accueilli·es par Deligny et qui se présentent comme autant de lignes de fuite, révélatrices d’autres formes d’interdépendance avec le milieu et ses énergies plurielles, ténues. On met là le doigt sur le fil très fragile du précieux à préserver, ce qui relie, le fil du « vivre avec ».”




Crédit photo: Candice Athenais